Deuxième édition de l’écopêche à HONTANX (40)

 

Le samedi 2 octobre 2021 avait lieu la deuxième édition de l’Ecopêche co-organisée par l’association PIMAO, la commune de Hontanx, les Conseils Départementaux des Landes et du Gers, les Fédérations départementales de pêche des Landes et du Gers, ainsi que les associations PIMAO, HOUNTANS ENTE BIBE, Landes Nature et ADASEA du Gers. Désormais, ce rassemblement annuel autour de la « pisciculture extensive des étangs de l'Armagnac » est devenu itinérant d’une année sur l’autre entre l’étang communal de Perchède, celui d’Hontanx dans les Landes et l’étang du Moura à Espas.

A cette occasion, au-delà du grand public, les adhérents au réseau des gestionnaires de milieux humides de l’Armagnac avaient été conviés par la Cellule d’Assistance Technique aux Zones Humides de l’ADASEA du Gers.

Cette belle journée ensoleillée a rassemblé une quarantaine de personnes pour la balade matinale, 100 personnes pour l’inauguration du four à pain et le repas et une trentaine de personnes pour les ateliers de l’après-midi suivis de la conférence sur la thématique "Quel avenir pour nos étangs ?".

Le matin, la balade à la visite d’un moulin à eau restauré était commentée par Valère ZACHELO président de l’association de sauvegarde des moulins des Landes qui a détaillé le fonctionnement des moulins et la vie des meuniers. En fin de matinée avait lieu sur le site du Conseil Départemental des Landes l'inauguration du four à pain restauré au bord de l’étang de Lamarque, suivie d’un repas sur place.

 

L’après-midi, 4 ateliers se sont succédés sur la digue du grand étang communal d’Hontanx.

1 –Une présentation du Grand étang communal par Bernard ZACCELO du conseil municipal et Marie-Claire BLONDEAU, fille de l’ancien propriétaire de l’étang.

Cet étang très ancien fondé en titre est depuis longtemps utilisé pour la pisciculture. Autrefois, il était en eau pendant 2 ans puis mis en culture avec du maïs 1 an et ensuite remis en eau. La pêche avait lieu au mois de mars, après une vidange lente de 8 jours. Les gens venaient chercher du poisson qu’ils conservaient dans leur point d’eau (mare, vivier, un trou fait dans le jardin…) jusqu’à la semaine Sainte. Il y avait essentiellement des tanches, des brochets et des anguilles, avec une production de 2 tonnes en moyenne sur 10 ha d’eau. Le poisson était vendu à des pisciculteurs des environs avec qui ils s’échangeaient les alevins pour éviter la consanguinité.

L’étang appartient à la commune depuis 2007. Il est pêché au filet et est également utilisé en soutien d’étiage pour le Ludon. Son entretien est très coûteux en raison de la route qui passe sur la digue et des trous réalisés par les écrevisses de Louisiane et les ragondins.

L’étang a aussi un atout touristique pour la beauté du site lorsque les personnes se promènent vers l’étang. Le château D’Aon situé à proximité et en surplomb de l’étang fait l’objet de nombreuses réservations.

2- Enjeu écologique des étangs par Fabrice CRABOS (Conseil Départemental des Landes)

Le Conseil Départemental des Landes, propriétaire de l’étang de Lamarque depuis 2009, a établi un plan de gestion sur l’ensemble des 42 hectares du site. Un rappel a été fait sur les espèces protégées présentes sur le site. Une vingtaine d’espèces de libellules ont été recensées, et sur la quarantaine de papillons répertoriés le Cuivré des marais a une protection nationale. Observable en mai, juillet puis septembre. Son espérance de vie est de 2 à 3 semaines, avec 2 à 3 générations par an dans le sud de la France. Le Vison d’Europe est présent surtout en Nouvelle-Aquitaine (Marais d’Orx). Il n’en reste plus que dans 6 à 7 départements. Il pèse de 900 grammes à 1kg. Son cousin, le Vison d’Amérique est porteur d’une maladie qu’il transmet au Putois et au Vison d’Europe. En ce qui concerne la tortue Cistude d’Europe, des individus ont été suivis en 2012 sur 2 ans pour analyser l’effectif de la population et déterminer les sites de ponte. Au total 119 individus adultes ont été marqués. Un assec a lieu sur le grand étang de décembre à février.

3- Enjeux socio-économiques par Suzy LEMOINE et Marine HEDIARD (Landes Nature)

Après une présentation du site Natura 2000 Réseau hydrographique du Midou et duLudon, elles ont rappelé l’intérêt de la gestion des milieux naturels en prenant en compte le cycle de vie des espèces. La perception de la notion de « propre » a été évoquée quant à l’entretien. Quand pour certains un endroit « sale » désigne un endroit souillé de déchets, pour d’autres le « sale » désigne étonnamment un espace où la végétation pousse de manière aléatoire sans entretien régulier. Il est important de nuancer cette vision d’un milieu. Un milieu « propre » dit entretenu, ne permettra forcément pas à certaines espèces de fleurs avec leurs insectes associés de se développer. C’est pourquoi il est intéressant d’avoir une gestion différenciée et appropriée à l’utilisation de l’espace par les usagers. Les espaces naturels sont par ailleurs de plus en plus importants dans la pratique des loisirs (courses d’orientation, trail...). Afin de préserver la tranquillité de certaines espèces en limitant les dérangements, il faut emprunter les chemins.

4 - Bassin versant et espèces exotiques envahissantes par Sophie HURTES et Léa GIRARD (ADASEA 32)

Après une définition du bassin versant, l’intérêt de la solidarité entre usager amont/aval a été abordée à travers plusieurs exemples illustrant bien ce lien. En effet, que l’on soit agriculteur, particulier, ou une collectivité, il est nécessaire d’avoir conscience que l’on se trouve sur un bassin versant et que toute action réalisée en un point donné peut entraîner des répercussions en aval. La multiplication de petites perturbations peut entraîner de grandes dégradations sur l'ensemble du bassin.

Ensuite, la problématique des espèces exotiques envahissantes a été abordée en rappelant que la réglementation interdit le transport et l’introduction dans le milieu naturel de ces espèces. Les espèces faunistiques les plus impactantes sur les étangs de l’Armagnac sont l’écrevisse de Louisiane et le ragondin qui vont causer des dégâts sur les ouvrages (trous dans les berges, digues, déversoirs…), les tortues de Floride qui entrent en compétition avec la tortue Cistude d’Europe locale. Du côté de la flore, les Jussies se développent en herbiers denses sur les étangs et provoquent une altération de la qualité de l’eau, l’asphyxie et le comblement rapide du milieu, l’obstruction des prises d’eau pour l’irrigation, une diminution de la biodiversité floristique et faunistique…  Un rappel des gestes à adopter pour limiter sa présence a été fait (contactez l’Adasea 32 pour toute question à ce sujet).

 

 

Conférence « Quel avenir pour nos étangs ? » avec la mairie de Hontanx, PIMAO et Alain FAGET pisciculteur professionnel à Cazères sur Adour.

Alain FAGET gère en location l’étang de Lamarque et le Grand étang. Il rappelle que la pisciculture extensive est limitée à 20m3 de poisson par hectare tandis qu’en piscicultures intensives cela peut aller jusqu’à 80m3 par hectare d’eau. Il y a des plans d’eau de reproduction pour les alevins où ne sont introduits que des reproducteurs et des plans d’eau de grossissement où sont mis les alevins. Sur l’Armagnac, les rendements moyens sont de l’ordre de 300kg de poissons par hectare.

A l’étang de Lamarque, il y a environ 1 tonne de poissons lors de la pêche à condition qu’elle soit faite à l’automne avant l’arrivée des cormorans. Si la pêche a lieu en février, il ne reste que 40kgs de poissons.

Alain FAGET gère actuellement environ 150 hectares d’étangs répartis sur environ 30 étangs. Il gère environ 20 tonnes de poissons par an avec 1,5 salariés à l’année. L’alevinage est réalisé en général au mois de mars. Il récupère ensuite les poissons au filet dans l’étang pour éviter qu’ils souffrent. Il conseille de mettre les étangs en assec afin de limiter l’envasement.

Il précise que cela demande beaucoup de main d’œuvre. Avant, la production de poissons était destinée à la consommation humaine mais aujourd’hui, elle est destinée au repeuplement des rivières. Il dessert 8 départements impliquant de nombreux déplacements. Il y a donc plus de logistique avec des équipements conséquents pour le transport comme des camions équipés de système d’eau réoxygénée. Selon lui c’est davantage une passion qu’un métier rémunérateur. La carpe est un poisson qui ne se vend pas cher sauf pour les gros spécimens de 5 à 7 ans pour les trophées de pêche. Le brochet qui était produit avant dans le secteur nécessite un PH de 1 à 7. Or, le plus souvent le PH des étangs de l’Armagnac est de 9, et il ne se reproduit pas bien.

L’équilibre est difficile à trouver dans un étang entre les espèces de poisson, leur taille, leur période de grossissement et la présence de petit et de gros zooplancton. Pour l’avenir des étangs, cela semble compliqué selon lui car il y a beaucoup de plans d’eau utilisés pour l’irrigation avec des difficultés pour obtenir les autorisations de pisciculture. En Brenne ce sont des étangs de pisciculture uniquement. Cependant, les pisciculteurs de ces régions font transiter des poissons depuis de nombreux endroits ce qui induit des risques de transport de virus.

 

La journée s’est terminée par un pot de l’amitié convivial offert par la municipalité d’Hontanx devant les panneaux de l’exposition des zones humides du Gers de la CATZH !

 

Action co-financée par l'Agence de l'eau Adour Garonne et par le Fonds Européen de développement Régional.

Territoire concerné: 
CAT générale Gers

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