ZOOM SUR LE GAGNANT 2015 : Philippe CESAR d'ESTANG

Philippe CESAR présente une exploitation typique de l’Armagnac : polyculture élevage et vigne. Cette petite exploitation de 30 ha fonctionne grâce à un usage pertinent des différents terroirs présents tourné vers une production de qualité (veaux fermiers Label rouge). Il a notamment su tirer partie des contraintes naturelles de sécheresse pour les prairies en pente et d’humidité pour les prairies inondables, en utilisant une vache rustique locale (la Bazadaise), en faisant s’exprimer au mieux la flore « naturelle » et en associant rotation et surveillance «climatique » du troupeau. Il pratique une rotation du troupeau sur l’exploitation en fonction du temps (humidité / sécheresse) et des besoins des animaux, de façon à ne jamais surcharger et épuiser une prairie. Au niveau des prairies inondables, il pratique une alternance avec un système de « prairie sas » intermédiaire entre 2 prés qui permet aux vaches de circuler et de boire, et de remonter sur les prairies sèches en cas d’intempéries.

A l’échelle de la prairie elle-même, il a adopté des pratiques qui permettent d’optimiser leur valeur fourragère tout en la maintenant dans un excellent état. Il ne fertilise pas la prairie, déjà naturellement amendée par les limons déposés lors des inondations : cela évite une sur-fertilisation néfaste à l’équilibre entre plantes fourragères, et favorise une diversité végétale qui confère un caractère « résilient » à la parcelle. Elle résiste ainsi mieux aux fortes variations climatiques inter-annuelles. Le chargement des animaux est adapté en fonction de l‘humidité de la parcelle et de la ressource fourragère, ce qui évite des problèmes de dégradation du sol et de fermeture, très fréquent en prairie humide. La fauche tardive permet à la flore de cette parcelle, inondée parfois tard au printemps, de pleinement se développer, montrant un équilibre entre espèces précoces et tardives et une bonne structure du fourrage. Cela permet d’assurer à la fois une production de fourrage de qualité, varié, dense et digeste, et un bon report sur pied pour le pâturage de fin d’été.

Diagramme représentant la notation des propriétés agro-écologiques de la prairie :

La prairie lauréate :

Quand Philippe CESAR a repris la parcelle lors de son installation en 1989, c’était un fourré de ronces. Débroussaillage, nivellement, puis instauration d’un régime de fauche annuelle suivie d’un pâturage mesuré et de coupe régulière des refus ont été nécessaires pendant plusieurs années. Le résultat obtenu aujourd’hui inspire le respect !

Les pratiques de Philippe CESAR permettent un excellent renouvellement de la flore et de sa diversité, puisque plus de 50 espèces ont été observées lors de la seule visite du jury. La non-fertilisation de la prairie, associée à une fauche tardive, permet à un maximum de plantes de se développer et de fleurir, constituant une bonne ressource pour les insectes pollinisateurs, en relation avec les infrastructures agro-écologiques attenantes.

Cette jolie prairie fleurie en bord de ruisseau répond à plusieurs enjeux du territoire :

- elle participe à la protection de la qualité des eaux de par sa position en bord de ruisseau dans un secteur devenu très intensif (vigne et maïs dominent le paysage), au soutien d’étiage (c’est une zone humide, qui retient l’eau en période humide pour la relarguer en période d’étiage) et à l’écrêtage des crues.

- située dans le site Natura 2000 du Réseau hydrographique Midou Ludon, elle est un habitat d’espèces d’intérêt communautaire comme la Cistude d’Europe, la Loutre d’Europe et peut-être le Vison d’Europe, pour lequel le site Natura 2000 a été désigné.

- elle est elle-même habitat d’intérêt communautaire (prairie de fauche de basse altitude), habitat devenu très rare dans cette petite région de l’Armagnac, où l’élevage extensif a fortement diminué.