Les étangs de l’Armagnac et les « Jussies »

 

Depuis 2003, l'Agence de l'Eau Adour-Garonne co-finance avec l’Europe et la Région Occitanie l'ADASEA (Association de Développement, d’Aménagement et de Services en Environnement et en Agriculture) une Cellule d'Assistance Technique pour la gestion des Zones Humides du Bas-Armagnac où 2782 points d'eau ont été recensés.

Dans ce cadre, un réseau de 260 gestionnaires de milieux humides a été constitué. L'adhésion est basée sur le volontariat et les gestionnaires peuvent être des exploitants agricoles, des particuliers, des collectivités locales… Ils bénéficient d’un diagnostic environnemental accompagné d’un plan de gestion et d’un suivi de leur site (étang, mares, prairies humide). Des outils d'accompagnement sous forme d'aides à la gestion et à la restauration des milieux sont mis à leur disposition, ainsi que des journées d'information sur des thèmes divers : espèces invasives, pisciculture, réglementation…

            Ainsi, jeudi dernier, l’ADASEA organisait à Vergoignan, une réunion de sensibilisation sur les espèces exotiques envahissantes axée sur les « Jussies », à destination des gestionnaires, des élus, des syndicats de rivière, des sociétés de pêche, des entrepreneurs du Bas-Armagnac.

Jerôme DAO du Conservatoire Botanique National des Pyrénées et de Midi-Pyrénées a présenté la biologie des espèces végétales invasives de milieux humides (jussies, myriophiles…), les plans d’action mis en place au niveau national et régional ainsi que les textes relatifs aux interdictions d’introduire ces espèces. Il a souligné que ces textes étaient récents au vue des introductions anciennes et des échanges d’espèces qui ont pu se faire au cours de l’histoire à travers le monde. Il y a aujourd’hui une prise de conscience des conséquences  sur les écosystèmes et des gênes occasionnées sur les espèces locales et les activités humaines.

Les « Jussies exotiques » sont des plantes sud-américaine, appréciées pour leurs qualités ornementales, mais il s’agit de redoutables envahisseuses des milieux humides et aquatiques calmes. Capables de doubler leur biomasse en 20 jours, elles entraînent très rapidement des perturbations importantes : altération de la qualité de l’eau, asphyxie et comblement rapide du milieu, obstruction des prises d’eau pour l’irrigation, diminution de la biodiversité floristique et faunistique… Les jussies se présentent sous forme de rosette flottante au printemps et fleurissent de juin à octobre. Leurs capacités d’adaptation sont telles qu’elles se développent généralement en milieu aquatique mais aussi sous une forme terrestre envahissant aussi des prairies humides comme dans les Barthes de l’Adour dans le département des Landes.

Sophie HURTES a présenté les actions de la CATZH pour sensibiliser, recenser et surveiller le développement des jussies dans le Bas-Armagnac où 14 communes sont concernées avec 28 sites contaminés. L’Adour est également concerné ainsi qu’une mare qui a été recensée sur le bassin versant de la SAVE gersoise. Depuis 2003, les efforts de sensibilisation semblent être efficaces car il y a eu un ralentissement de la colonisation de nouveaux points d’eau ces dernières années.  Afin d’éviter la contamination d’autres points d’eau, ruisseaux et rivières, la prévention et la surveillance restent les moyens de lutte les plus efficaces pour pouvoir réagir dès l’apparition des premiers pieds. Il est donc important d’être très vigilant et de nettoyer tous les matériels qui ont pu être en contact avec la plante : pelles mécaniques ayant réalisé des travaux sur des points d’eau contaminés, filets de pêches, barques, chaussures, nasses, épuisettes, aquariums…

Les essais de désherbage chimique avec des molécules homologuées  ne sont pas concluants car les produits ne sont pas sélectifs sur les espèces végétales et présentent une nocivité pour les espèces animales.  Toute intervention mécanique ou manuelle doit être renouvelée chaque année.

Le gel apparaît comme une solution contre les jussies exotiques, certes dépendante de la météo, mais peu coûteuse et efficace. En effet, il a été constaté une diminution considérable des herbiers de jussie lors des épisodes de gel sur plusieurs jours consécutif. L’étang de Vergoignan était envahi à 70% en 2007. La CATZH a contacté le propriétaire en février 2012 pour lui conseiller d’abaisser les niveaux d’eau lors d’un épisode de froid avec une semaine de gel à -10°C. Ayant suivi les conseils, l’année suivante il ne restait à peine 10% de la surface de l’herbier. Le gel permet donc de limiter le développement de l’herbier mais dans le sud de la France, ce type de vague de froid n’est pas fréquent et actuellement, soit 6 ans après, l’herbier est en train de proliférer à nouveau.

Par ailleurs, ces plantes se multipliant  par germination des graines et par bouturage : un seul fragment de tige régénère une plante entière, ce qui implique un arrachage manuel très méticuleux.

Capucine BAILLOU de l’ADASEA a présenté un retour d’expérience des chantiers d’arrachage de jussie réalisés sur 4 sites avec des élèves en BTS GPN de l’Institut Saint Christophe de Masseube en 2017 et 2018 en insistant sur la méthodologie d’arrachage, les précautions à prendre durant l’intervention et sur la gestion des « déchets » pour ne pas contaminer d’autres sites. En effet, les plantes arrachées doivent être entreposées et séchés sur une bâche puis brûlées. Le lieu de stockage doit être éloigné de tout milieu humide. Sur un étang à Cravencères, après l’arrachage d’un herbier de 134m² en 2017 avec 30 élèves,  en 2018 l’herbier avait diminué quasiment de moitié (77m²) et un second arrachage avec 10 personnes (5 ADASEA et 5 de la famille de la gestionnaire) a permis d’enlever environ 180 l contre 2000 L environ évalués au premier passage.

La réunion s’est achevée avec la visite de l’étang de Vergoignan touché par la jussie depuis 2004, où les participants ont pu apprendre à reconnaître un pied de jussie exotique et mesurer le caractère invasif de cette plante.

Les moyens de lutte contre leur prolifération testés de manière opérationnelle confirment l’impossibilité de s’en débarrasser définitivement : « il faut apprendre à vivre avec » en les enlevant régulièrement pour limiter leur prolifération et faire en sorte que cela reste acceptable pour les usages et les milieux.

N’utilisez pas la jussie comme plante ornementale en raison des risques de prolifération incontrôlable.

Contact : ADASEA 32, Maison de l’Agriculture, Route de Mirande, BP 161, 32003 AUCH Cedex. 

Tel : 05-62-61-79-50

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