2020 : Restauration de mare à Montpezat
Depuis 2018, la CATZH accompagne la commune de Montpezat, sur le bassin versant de la Save, dont la mare communale (reste des anciennes douves du château) a été colonisée en 2017 par deux plantes exotiques envahissantes : le Myriophylle du Brésil et le Grand lagarosiphon.
Mare asséchée avant le chantier d'arrachage de 2018
La CATZH et la commune de Montpezat, avec les conseils du Conservatoire Botanique National des Pyrénées et Midi Pyrénées, ont mis en place un protocole spécifique qui consiste à réaliser un chantier d’arrachage manuel (des tiges et des racines) par an et des visites de suivi après le chantier pour lutter le plus efficacement possible contre ces deux espèces. En effet, le Myriophylle du Brésil et le Grand lagarosiphon avaient alors totalement recouvert le point d’eau et menaçaient la fonctionnalité et la biodiversité de la mare : envasement accéléré, exclusion des plantes locales, limitation des usages de loisir (pêche). L’origine de cette contamination semblait être anthropique car la mare est en grande partie encaissée, isolée en haut de coteau, au milieu du village de Montpezat et bordée par une route très passante. Ces aspects confortaient la mise en place d’une action de lutte dans l’objectif de préserver ce point d’eau patrimonial du village pouvant former une zone source de contamination des points d’eau du secteur.
Ainsi lors du premier chantier en 2018, les plantes recouvraient entièrement la surface de la mare sur 40 cm d’épaisseur. Le chantier a demandé de vider presque totalement le point d’eau. La CATZH a sollicité les habitants de la commune ainsi que ces partenaires techniques (Syndicat de Gestion de la Save et de ses affluents et le CPIE pays gersois) pour les aider dans cette entreprise. Au total, le chantier aura réuni 17 personnes durant une journée entière. Le chantier aura permis le retrait de 27 m3 de plantes qui ont ensuite été éliminés.
Chantier d'arrachage de 2018
Toutefois, les très fortes densités et la capacité de ces plantes à se fragmenter et à se cloner ont contraint la CATZH et la commune de Montpezat à prévoir un schéma sur le long terme pour être totalement efficace contre ces plantes exotiques envahissantes.
Mare asséchée avant le chantier d'arrachage de 2019
En 2019, un chantier a de nouveau été organisé. Il aura réuni quelques habitants du village, 2 personnes du Syndicat de gestion de la Save et ses affluents et 3 techniciens de la CATZH. Le myriophylle du Brésil et le Grand lagarosiphon occupaient alors la même surface mais uniquement sur quelques centimètres d’épaisseur. La mare a donc de nouveau été vidée en grande partie et le chantier, qui aura duré 6 heures, aura permis de retirer 7 m3 de plantes. Ensuite, deux passages en commun avec le Syndicat de gestion de la Save et de ses affluents aurontpermis de retirer une partie des repousses survenues après le chantier.
Chantier d'arrachage de 2019
Cette année, le contexte était différent. En effet, le Myriophylle du Brésil et le Grand lagarosiphon étaient toujours présents, mais ils se concentraient par patchs à certaines zones de la mare. Le Myriophylle du Brésil, plante semi aquatique, se cantonnait sur deux zones peu profondes, alors que le Grand lagarosiphon, plante purement aquatique, était présent par regroupement de quelques pieds dans les deux zones les plus profondes de la mare.
Mare avant le chantier d'arrachage de 2020
Dans ce contexte d’amélioration et dans le but de limiter les impacts sur la faune de la mare et les dépenses de la commune, la décision a été prise de ne pas vider la mare et de réaliser un arrachage en bottes et en waders. Ainsi, 4 personnes de la CATZH et du Syndicat de gestion de la Save et de ses affluents ont arraché 0,38 m3 de plantes en une matinée. Plusieurs visites ont ensuite permis le retrait d’environ 0,1 m3 supplémentaires.
Chantier d'arrachage de 2020
En fin d’année, une visite sur site avec le Syndicat de Gestion de la Save et de ses affluents, le Conservatoire National Botanique des Pyrénées et de Midi Pyrénées, Monsieur le Maire de Montpezat et la CATZH 32 a permis de faire un premier bilan de ces 3 ans d’arrachage et de donner de nouvelles pistes de lutte pour les années à venir.
Bien que durant les premières années, la question se posait de faire intervenir des engins pour curer totalement la mare afin d’avoir un impact plus important sur les plantes exotiques envahissantes, il semble aujourd’hui que l’arrachage manuel ait été la bonne solution. En effet, il a permis un travail efficace et minutieux qui a entrainé une forte diminution des densités de plantes en 3 ans (27m3 arrachés en 2018, 0,38 m3 en 2020) en préservant la biodiversité locale (repousse de chara, de massettes, de véronique des ruisseaux, de jonc articulé…), et ce, à bas coût pour la commune. Les moyens humains ont également diminué sur la période en les divisant par 4 (17 personnes en 2018, 4 en 2020). Il est donc important de maintenir l’effort et la dynamique créés durant encore plusieurs années pour espérer contraindre voire éventuellement éliminer les deux espèces exotiques envahissantes présentes.
Toutefois, une zone pose encore problème. En effet, la descente d’accès à la mare qui accueille la plus grande densité de Myriophylle du Brésil s’assèche rapidement. Ainsi, lors des chantiers d’arrache, cette zone est déjà asséchée et les racines des plantes ne sont plus accessibles à cause de la terre trop dure. Lors de l’arrachage, les tiges et les feuilles sont facilement retirées, mais les racines et les rhizomes restent dans la terre et donnent de nouvelles plantes l’année suivante. Il a donc été décidé de mettre en place, après le prochain arrachage de 2021, des rouleaux de bois compréssé (plus durables que le paillage) et de le laisser ainsi plusieurs années. Cela affaiblira progressivement le Myriophylle du Brésil. Une fois affaibli, des plantations d’hélophytes seront réalisées directement dans les rouleaux de bois compréssé pour mettre en place une compétition durable contre cette espèce exotique envahissante.